INFORMATION DES RISQUES EN CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE
Vous
allez bénéficiez d’une intervention de chirurgie orthopédique.
Le
risque nul n’existe pas !
En
raison de la judiciarisation croissante de la pratique médicale,
notre devoir est de vous informer des risques existants lorsque
vous vous ferez opérer. La liste ci-dessous décrit la majorité
des complications pouvant être rencontrées et décrites dans la
littérature. Elle n’est pas exhaustive.
Infection :
Le corps humain est porteur de nombreux germes dits banaux
(staphylocoques sur la peau, germes dentaires, sinusiens,
intestinaux, vaginaux, etc.). Dans certains cas de maladie,
baisse de l’immunité passagère ou chronique, diabète (etc.), ces
germes deviennent pathogènes et déclenchent une infection. C’est
pourquoi un bilan infectieux complet est réalisé avant toute
intervention chirurgicale lourde (prothèse articulaire). Mais il
est impossible de prélever l’ensemble des sites pouvant être des
« réservoirs à germes ». Neuf fois sur 10, l’infection est en
rapport avec un germe pré-existant…
En
cas d’infection ostéo-articulaire, une réintervention est
nécessaire pour nettoyage et prélèvements. Lorsque le ou les
germes sont identifiés, un traitement antibiotique adapté et
prolongé est prescrit. Il est parfois nécessaire de changer le
matériel implanté et d’effectuer plusieurs interventions
chirurgicales. Dans tous les cas, les suites opératoires sont
plus longues qu’escomptées. Un handicap peut en découler.
Hématome :
lorsqu’il est volumineux, il peut nécessiter une évacuation
chirurgicale et un drainage.
Algodystrophie :
c’est une réaction réflexe de l’organisme. Elle entraîne une
première phase inflammatoire (douleur, œdème) puis une phase de
douleur chronique avec raideur. Elle nécessite un traitement
précoce par injections de calcitonine. La durée d’évolution est
de 6 mois à 2 ans voire plus. Elle peut nécessiter des
traitements spécifiques notamment en centre anti-douleur. Elle
survient préférentiellement chez la femme entre 40 et 60 ans
avec un terrain anxio-dépressif.
Signalez à votre chirurgien et à votre anesthésiste tout
antécédent de prise de médicament anxiolytique (Lexomil, Xanax
par exemple ou autre), antidépresseur (Prozac, Stablon, Seropram
ou autre) - de suivi par psychiatre ou psychologue – tout souci
professionnel ou familial pouvant vous « stresser » – tout
antécédent d’algodystrophie, de douleurs diffuses chroniques, de
causalgies, de pathologie douloureuse prise en charge par un
rhumatologue !!!
Un
tel contexte nécessite de prendre des précautions spécifiques
avant votre intervention afin de prévenir, si possible, ce type
de complication.
Douleurs chroniques
:
elles peuvent être dues à une algodystrophie rebelle, une
intolérance au matériel, des désordres neurologiques locaux. Une
prise en charge en centre anti-douleur est parfois nécessaire. 5
% des prothèses totales de genou peuvent être douloureuses sans
qu’on en retrouve la cause à ce jour.
Récidive :
de la déformation (chirurgie du pied par exemple) ou de
l’instabilité (épaule, genou). Elle peut être due à une
progression de la maladie déformante, une infection, un problème
technique, un nouveau traumatisme, une rééducation inadaptée.
Elle nécessite une réintervention chirurgicale.
Non
consolidation :
après fracture ou ostéotomie (chirurgie visant à couper un os et
à le réaxer correctement), il existe un risque que votre os ne
consolide pas. Il faut rechercher en premier lieu une infection
et la traiter. Une nouvelle intervention chirurgicale est
nécessaire pour greffer de l’os et/ou changer de matériel.
Descellement :
cela
concerne les prothèses articulaires. Il peut être aseptique, dû
à une usure normale des matériaux. Parfois il y a un non
accrochage initial d’une prothèse sans ciment. Le descellement
peut aussi être septique, c’est-à-dire provoqué par une
infection. Le plus souvent c’est secondaire à une infection à
bas bruit développée sur un autre site (urines, dents, sinus,
peau, etc.). Ceci explique l’intérêt du bilan infectieux
effectué avant la pose de toute prothèse. En cas de
descellement, une ou plusieurs interventions chirurgicales sont
nécessaires pour replacer une nouvelle prothèse.
Luxation de prothèse articulaire :
3 % des cas. Elle nécessite une réduction sous anesthésie et
parfois une réintervention. Elle peut être secondaire à un
problème musculaire, neurologique, une erreur de rééducation ou
un problème technique lors de la pose.
Différence de longueur des membres inférieurs :
lors de la pose d’une prothèse de hanche, la stabilité est
privilégiée par rapport à la longueur. Ainsi, le membre opéré
peut-être allongé de quelques millimètres. A l’inverse, une
inégalité est parfois conservée telle quelle afin de protéger
la colonne vertébrale arthrosique.
Raideur articulaire :
elle peut être due à une algodystrophie, une infection, une
rééducation mal conduite ou mal suivie.
Phlébite :
Malgré le traitement anti-coagulant prescrit, une phlébite peut
survenir. Il faut alors augmenter les doses d’anticoagulants,
prescrire un traitement de plusieurs mois et ralentir la
rééducation. Lorsqu’elle est passée inaperçue, qu’elle est
massive et près du tronc, une phlébite peut entraîner une
embolie pulmonaire qui met en jeu le pronostic vital. Cette
embolie peut survenir avant, pendant ou après l’intervention
chirurgicale.
Choc
au ciment :
Chez les patients les plus fragiles (insuffisance
cardio-respiratoire), un arrêt cardiaque peut survenir lors de
l’injection du ciment pour sceller une prothèse (hanche en
général). Il peut être fatal.
Cicatrice inesthétique :
selon la qualité de peau des patients, il arrive que les
cicatrices soient épaisses, larges et disgracieuses malgré la
qualité de la suture initiale.
Plaie
vasculaire ou nerveuse :
quelques cas dans la littérature mondiale sont décrits. Des
gestes de réparation plus ou moins urgents sont indispensables.
Lorsque le vaisseau est rapidement réparé, les séquelles sont
modérées. Les lésions neurologiques récupèrent moins bien. Un
handicap plus ou moins sévère peut en découler (paralysie,
amputation, douleur chronique ou insensibilité permanente).
Risques liés à l’anesthésie :
Discutez-en lors de votre consultation avec le médecin
anesthésiste qui vous donnera toutes les informations
nécessaires.
Non
réalisation de l’intervention :
En raison de problème lié au matériel (stérilisation
défectueuse, matériel incomplet, chute de matériel, etc) ou de
situation exceptionnelle, l’intervention pour laquelle vous avez
été anesthésié peut ne pas être réalisée. Une reprogrammation
est alors nécessaire.
Sachez que votre chirurgien est là pour vous soigner et qu’il
fait tout pour obtenir le meilleur résultat possible. En cas de
complication, il vous expliquera le mode de survenue et le
traitement à suivre.
N’hésitez pas à interroger votre chirurgien pour avoir plus de
renseignements.
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